Welcome to Restov

De gahan
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Encore une de ses mornes journées où il ne fait pas bon trainer sur les routes…

Le ciel plombé avait ouvert ses écluses et laissait tomber en continu sur le monde, les hommes et les bêtes une pluie drue depuis maintenant trois longues et sombres journées. On se serait cru dans l'ouest du continent, à l'approche de l'hiver… Et pourtant, c'était le printemps. Foutu printemps cette année, dont le seul signe avait été la fonte des glaciers qui avait encore fait grossir les cours d'eau et rendu de nombreuses voies impraticables.

Sur la route carrossée bringuebalait lentement une chariole bariolée qui avait connu de meilleurs jours. Mais au moins, elle avançait… Plus haut dans les bois et collines, les chemins transformés en bourbiers rendaient toute progression quasi impossible. Mais ici, on s'approchait de la civilisation. Déjà, on croisait les villages de fermiers et métayers qui nourrissaient la ville voisine d'une partie plus ou moins conséquente de leur production. Mais des hommes, on n'en voyait aucun. Un mâtin hargneux aboyait parfois depuis un seuil ou à l'abri d'un porche au passage de l'équipage. Signifiant ainsi à l'étranger l'accueil que ses maitres lui réservaient s'il manifestait l'audace de s'arrêter.

Mais la chariole poursuivait sa route vers l'imposante cité dont on apercevait difficilement l'ombre lointaine sous le déluge. Il ne tonnait pas, mais tout juste. Là bas, dans le creuset de la civilisation et avec une population plus éduquée, le mélange des races était… plus facile. Et à défaut d'avoir un bon accueil, il serait au minimum, moins mauvais.

La nuit était tombée lorsque l'attelage harassé s'arrêta enfin aux portes de la ville. Et la dernière chose que l'on souhaite après une rude journée, et des semaines passées sur les routes incertaines, est de se colleter un garde dont la seule lueur d'intelligence consiste généralement à calculer le profit qu'il pourra retirer du voyageur de passage. Mais ces choses là sont fréquentes…

"Halte là ! Milice de Restov ! Qui vive ?..."

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La nuit de garde de Borghstein s'annonçait plutôt calme, au vu du temps...

Sous ce déluge, les voyageurs préfèrent généralement s'abriter dans des relais, ou au pire chez l'habitant. Et non, voila qu'un impromptu se pointait aux portes de la ville à la nuit tombée. "Impromptu" ne faisant pas parti du vocabulaire de Borghstein, les termes exacts étaient plutôt : "quel est l'con qui s'pointe par ce temps et à c't'heure ?". Il allait se tremper les chausses et la couenne pour un de ces pequenots des alentours qui avait empaqueté sa marchandise trop tard… Bien sa veine, il lui faudrait des heures pour se sécher. C'est pas la vieille gabardine élimée du poste de garde qui le protègerait beaucoup…

Approchant, l'attelage n'était manifestement pas du coin. Ni même celui d'un des légumiers du cru. Ca ressemblait plus à un de ces chariots itinérants, un peu vieux, moins reluisants que ceux dont il avait l'habitude. Mais partout où se posait l'œil, on devinait le fourbi que transporte généralement ces marchands de foire. La camelote protégée à grand renfort de toiles cirées. On devait pas tenir à plus de deux ou trois là dedans. Le cheval, par contre, on voyait tout de suite que ce n'était pas une simple bête de trait mais bien un de ces destriers formés au combat. Une honte de voir une telle bête arnachée de la sorte. Le marchand certainement inconscient de la valeur de sa monture. Et s'était un gamin qui conduisait l'attelage, en plus…

Levant bien haut sa lanterne. "Halte là ! Milice de Restov ! Qui vive ?..."

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De sous la houppelande du conducteur sort une voix fluette et lasse. Manifestement féminine et dont on ne saurait déterminer l'âge.

- Y'a que moi, Nivona Triklebrook Lambic, de la maison Lambic... Et Cabarosse.

- S'qui ça Cabarosse, chuis censé connaitre ? Y'veut pas s'montrer ? J'ai pas l'habitude de discuter avec des gamines. Dis lui de sortir.

- Cabarosse… C'est mon cheval…

- Tu vas m'faire croire que tu voyage seule ! à ton age !.. T'as volé cette charrette ou quoi ? Aller, papiers du véhicule !

- … Papiers ?.. Pour une chariole… J'ai jamais eu de papiers pour ma chariole ? Vieux !..

- Une chariole ?! Seriez pas d'ces pUtain d'aventuriers qui accourent depuis quelques temps pour voler les richesses de la région, au moins ? Tout ce que nos ayeux ont sué et saigné pour que des étrangers viennent nous l'piquer…

- Non, pas vraiment. Je travaille, vous voyez. Chuis rémouleuse et je bricole...

- Ben voyons ! Allez, appelle ton père ou chaipas qui, qu'il pointe son nez avec les papiers.

- … Hhhhh… <soupir> Puisque je vous dis que je voyage seule… J'ai fais une longue route… Et je suis fatiguée... <relève son capuchon> Et je ne suis pas humaine, si ça peut vous rassurer. J'ai l'âge d'être votre trisaïeule… Dieu m'en préserve…

- Oh p'tain, t'es gnome c'est ça ! Nous, on veut pas d'embrouille par ici. Tu viens faire quoi ? Des marchands, on en a !.. Et on a pas besoin de ta camelotte par ici. On forge du bon acier, pas de vos trucs bizarre qui vous pêtent à la gueule !

- C'est ce que j'ai entendu dire… Que Restov avait, de loin, les meilleurs forgerons de tout le royaume. C'est pouquoi je ne fais que passer… Mais je cherche un endroit sûr et sec pour passer la nuit et quelque chose de chaud à me mettre dans le ventre. Je suis persuadée que tu ne serais pas contre te jeter quelque chose derrière le gosier, non plus.

- Qu'esse t'essaye à dire là ? T'crois que j'fais pas bien mon boulot... Vu la mine de ton attelage, j'parie qu'y en a pour un paquet de blé. Et que tu va tout fourguer en ville dés d'main. Alors, s'qu'on va faire, c'est qu'toi, tu vas t'lever d'ton siège et descendre. Et qu'moi, j'vais chter un œil à la marchandise ! T'vois, y'a des Taxes, par ici. Vous'aut vous êtes pas bien au fait de ça. Mais ici, y'a des Taxes ! Ca pourrait bien t'coûter dans les vingt pièces d'or, ton fourbi, là, s'il n'y a rien d'illégal…

- Je m'en doutais…

- Bien… Alors ? Rien à déclarer ?..

- … Que vous êtes con ?!..

C'est en général à ce moment que les choses dérapent vraiment… Et le garde, se retournant pour beugler avec un sourire mauvais…

- Hey Slodoban, ramène ton cul par ici, y'a une drôle qui veut passer de la marchandise en contrebande !

Forcément, quand on voyage sur de longues distances en amassant de-ci delà, on transporte toujours quelque chose d'interdit quelque part… En l'occurrence de l'herbe à songe des montagnes bleues.

Ca s'est fini au poste de garde, fouille en règle du véhicule, un jour en cellule de dégrisement pour coups et morsure, une amende d'une pièce d'or et la taxe d'entrée d'une autre pièce d'or. Avec les plus plates excuses au capitaine convoqué pour régler le différent. Forcément, une cellule n'offre pas tout le confort d'une nuit d'auberge, mais rapport sécurité prix, on peut difficilement faire mieux, du moins dans ces grandes villes pas trop mal fréquentées. Et puis, deux pièces d'or valent toujours mieux que vingt. Enfin, nous voici à Restov, le champ des possibles s'étend devant nous. Reste à se renseigner sur cette compagnie chargée de pacifier la région et trouver quelques compagnons de voyage en ces terres hostiles.

Il parait que le coin pullule de créatures féériques... Ca tombe bien, c'est principalement pour ça qu'on est ici. Reste à dégotter une nichée de griffons… Premièrement, la guilde des Architectes !..


L'Auberge de la chèvre éméchée

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En route pour le relais d'Oleg

Un soir parmi d'autres dans une auberge de CastleStag

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