Kelts
Gaëls
Origines
Malgré le peu d’informations réellement fiables dont les historiens disposent sur cette époque, il est communément admis que le peuple Kelt constitue le groupe humain dont les traces sont les plus anciennes dans l’ouest du continent de Gahan. Au fil du temps, ce peuple se fractionna en plusieurs clans qui se dispersèrent pour coloniser cette terre. Des siècles plus tard, les descendants du peuple Kelt se nomment Gaëls, Pictes, Drünes, Mahrs…
Mais de toutes ces ethnies, les Gaëls sont sans conteste ceux qui sont restés les plus proches des anciennes traditions et du mode de vie des Kelts originels. Il s’agit cependant d’une culture exclusivement de tradition orale, c’est pourquoi l’histoire de ce peuple se perd dans les paradoxes et les contradictions d’une mythologie complexe.
Quelle que soit la version à laquelle on se réfère, les origines précises du peuple Kelt restent pour le moins floues. Les mythes évoquent une terre que ces hommes se virent contraints d’abandonner à des démons ou l’océan. La nature de ces "démons" reste très vague, aucun récit ne s’attardant véritablement sur cet épisode. Beaucoup d’historiens considèrent d’ailleurs que ce manque de précision ne fait que traduire l’ignorance des Kelts quant à leurs véritables origines.
Quoi qu’il en soit, "l’histoire" du peuple Kelt telle qu’elle nous est parvenue ne commence réellement qu’avec l’arrivée de leurs navires sur la côte ouest de ce qui allait devenir la Lande.
Fait étrange, les Kelts n’apportèrent pas leur propre religion avec eux. Bien au contraire, ils avaient renié leurs anciennes divinités qu’ils tenaient pour responsables de leur exil. Cette animosité envers les dieux constitue d’ailleurs un fait majeur qui sera, par la suite, à l’origine de la naissance du clan des Drünes.
Lorsqu’ils prirent pied sur le Grand Continent, les Kelts furent accueillis par ceux qui se disaient enfants de Gahan et se nommaient Elfes, Centaures ou Ogmanans (Fir Bolg). La stature de ces derniers impressionna tant les nouveaux venus qu’ils les nommèrent Géants.
Les Ogmanans se montrèrent amicaux et ne demandèrent qu’une seule chose pour tribut : les Kelts pourraient s’installer, chasser et cultiver la terre en paix à la seule condition qu’ils jurent respect et allégeance à Gahan. Mais les Kelts refusèrent de se soumettre aux caprices d’une divinité.
Trois grandes batailles s’ensuivirent, au cours desquelles les Kelts affrontèrent les enfants de la déesse : les Ogmanans et les Centaures. Mais à chaque fois, la bravoure et la détermination des Kelts parvinrent à égaler la force et la magie de leurs adversaires. Les Kelts décidèrent alors d’avoir recours à la ruse pour frapper leurs ennemis en plein cœur. Eladh, fils de Gwreang, roi de la tribu Kelt, fut alors chargé de séduire Gahan et de la tuer ensuite. Mais pris à son propre piège, le jeune homme s’éprit de la déesse qui fit de lui un demi-dieu. De leur union naquirent trois filles, toutes trois déesses et filles Kelt à la fois. Cet événement ramena la confiance et la paix dans le cœur des Kelts et des enfants de la déesse qui purent alors vivre en paix.
Cet épisode, certes romancé, revêt en fait une valeur plus symbolique qu’historique. Il illustre à merveille un trait fondamental de la culture Kelt : avant de se soumettre à une quelconque souveraineté, le guerrier Kelt se doit auparavant de la combattre. Il démontre ainsi sa valeur puis fait acte de sagesse en s’en remettant à une autorité supérieure pour le bien de chacun.
Une autre approche peut être celle du peuplement d’une partie du continent puisque de nombreuses communautés semblent dériver de ces ancêtres communs.
Les Tribus de la Lande
La Lande est délimitée au nord par les Monts Brumeux qui symbolise la frontière naturelle entre le territoire des Gaëls et la terre des Khans. Elle s'étend depuis la plaine de Gwreang, nommée en l’honneur de Gwion Bach ap Gwreang, roi de la tribu Kelt lorsque celle-ci s’établit sur le Grand Continent, jusqu'à la Déchirure de Malbane à l'Est. Une bonne partie du territoire est recouverte par la grande forêt de Caer Mnà, ou bois aux loups, où, dit-on, le tertre de Gahan attend la visite du Ard Ri, le Haut Roi qui unifiera les clans. Elle est considérée comme une terre sacrée et abrite plusieurs communautés farouches d'elfes sylvains aux mœurs assez semblables à celles des Gaëls.
Au sud, la délimitation est moins franche. Les Monts de la Désolation pourraient constituer la frontière, mais la forêt de Caer Maed, qui en langue Kelt signifie "Les Bois Noirs", est une exception notoire. En ce lieu la déesse n’a plus aucun droit, car les Drünes, ennemis des dieux et de ceux qui les vénèrent, y règnent en maîtres. Le Val de Cendres et la Désolation du Dragon ont été abandonnés à de petites communautés Pictes. Descendants bannis par les Kelts et rejetés par les Drünes, ces ethnies consanguines n'ont su trouver leur place qu'en ces terres menacées par la terreur du Dragon.
Bien que d’autres clans mineurs subsistent à l’abri des forêts profondes ou dans les montagnes, les Gaëls constituent le clan majeur de la Lande.
Haut lieu historique, la cité Kel An Tiraidh fut, si l’on en croit la légende, bâtie par les Kelts à leur arrivée sur le Grand Continent. C’est là qu’ils auraient affronté les Géants et les "enfants de Gahan" au cours de trois batailles mythiques. Cette place forte peut paraître bien primitive au regard des magnifiques cités Mahrs et même des Nords, mais il n’en reste pas moins qu’elle présente la plus importante concentration de population Gaël au monde. Il serait cependant erroné de qualifier Kel An Tiraidh de capitale. En effet, bien que la plupart des tribus de la Lande se revendiquent du clan des Gaëls, chacune possède son propre roi et aucune n’est prête à se soumettre à une autorité suprême si celle-ci n’a pas été désignée par la déesse elle-même.
Si quelques tribus parmi les plus importantes ont fini par se sédentariser - essentiellement dans la partie Nord de la Lande ainsi qu’en son centre, le long des confluents de l'Abhainn (ou Abhainn ùine) - la plupart mènent une existence nomade, migrant pour suivre la transhumance des troupeaux d’aurochs sauvages qui constituent l’essentiel de leur subsistance.
Les Gaëls n’ont que peu recours à l’agriculture. Les peuplades sédentaires ont développé quelques cultures de céréales, mais ils tirent la majeure partie de leur nourriture de l’élevage. Les tribus nomades vivent quant à elles essentiellement de chasse et de cueillette. Il leur arrive également de faire du troc avec les villages Nords frontaliers, échangeant objets d’artisanat et prises de guerre contre de la nourriture. Ces tribus entretiennent en général de bons rapports avec les Royaumes voisins. Il arrive cependant qu’en période de famine ou sous l’impulsion d’un chef de guerre belliqueux, les hameaux les plus avancés soient l’objet de raids de la part des Gaëls. Ces attaques ne font en général aucune victime, pour peu que les villageois aient l’intelligence d’abandonner leurs réserves de nourriture aux assaillants.
Quelle que soit leur importance et leur mode de vie, les tribus Gaëls suivent toutes le même modèle d’organisation sociale. La société Gaëls est divisée en trois castes :
• La classe laborieuse regroupe les artisans et les nourrisseurs.
• La classe sacerdotale réunit tout ce que la tribu compte d’érudits, Druides, Shamans, prêtres ou soigneurs.
• La classe guerrière enfin constitue la classe la plus prestigieuse de toutes, le roi étant traditionnellement désigné parmi ses membres.
Malgré cela, l’exercice de la royauté tient bien plus d’une représentation symbolique que de l’exercice d’un pouvoir central et absolu. Car si le roi est issu de la classe guerrière, l’influence des hauts dignitaires de la classe sacerdotale s’étend très largement à tous les domaines de la souveraineté. Les Druides et les prêtres sont par voie de fait les conseillers du roi et il n’est pas de décision royale qui n’ait reçu leur approbation.
Outre cette fonction politique, les représentants de la classe sacerdotale sont également les dépositaires des secrets des Eléments et de la voix des dieux au sein de la tribu.
Le panthéon Gaël est vaste et complexe, car de nombreuses figures mythiques y apparaissent tour à tour en tant que dieux ou sous l’apparence de héros aux talents certes exceptionnels mais néanmoins mortels. On peut toutefois identifier plusieurs noms dont le caractère divin ne fait aucun doute.
Gahan, déesse tutélaire des sols, des lacs et des rivières, est sans conteste la figure la plus emblématique entre toutes les divinités Gaëls. Dans les tous premiers temps de la Création, elle s’unit au soleil et aux cieux. Mais de cette union ne naquirent que deux fils : Cianath et Murgan. Ces divinités masculines sont aujourd’hui tombées en désuétude car elles représentent le symbole de la stérilité de la terre avant l’arrivée du peuple Kelt. En effet, ce n’est que le jour où la déesse partagea la couche d’Eladh, qui devait par la suite devenir Cernunnos, qu’elle donna naissance à trois filles, Badb, Macha et Morrigan, qui allaient rendre sa fertilité à Gahan.
Cernunnos, enfin, demeure à ce jour le personnage le plus étrange et le plus controversé de cette galerie de divinités. Révéré tout autant par les Gaëls que par les Drünes, demi-dieu pour les uns, roi maudit et spolié pour les autres, le mystère qui entoure sa légende continue encore aujourd’hui d’inspirer les bardes de Gahan.
Un Peuple de Guerriers
Peuple guerrier, les Gaëls sont parfois dénigrés par certains de leurs cousins éloignés et prétendument "civilisés" qui ne voient en eux que des barbares incultes, querelleurs et braillards. Mais, à l'inverse des Uruks, plus que par goût du combat, le Gaël est surtout un guerrier par nécessité.
Sans être ouvertement hostile, le territoire des Gaëls est loin d'être sécurisé pour ses habitants. La nature sauvage y est prédominante avec son lot de prédateurs et de monstruosités encore inconnues à ce jour, et l'on ne saurait mesurer l'influence qu'ont sur ces terres les créatures issues de Faërie. Si les relations avec les villages Nords frontaliers, enclaves elfiques ou bandes Uruk sont parfois violentes, c'est surtout entre elles que les communautés Gaëls s'affrontent ouvertement. Ces affrontements fréquents mais rarement extrêmes sont symptomatiques de l'individualisme des clans et de la précarité de l'existence sur ces terres. Les clans sont toujours prêts à défourailler pour la moindre offense, le moindre gain. La diplomatie vient ensuite.
La fierté de ce peuple en matière de prouesse martiale ne va pas jusqu'à braver les territoires de chasse du Dragon. Mais les incursions de ce dernier au cœur des Landes par les siècles passés ne les ont jamais inclinés à recourir à des Sacrifices à la manière des Pictes. Certaines traditions orales Laissent à penser que ces derniers seraient d'ailleurs issus de clans ayant parjuré et pactisé avec le Dragon dans leur histoire.
Il est à noter que l'esclavage est de mise sur ces terres. C'est une peine en cas de crime sévère et un moyen de dédommagement à durée limitée envers la victime. Il est source de conflits puisque cette décision de justice revient au roi local, et qu'ils sont légion. La peine capitale n'étant pas la peine de mort, mais le bannissement, on peut cependant considérer les duels pour l'honneur, ou jugement par les armes, comme une autre de ses formes.
De même, les lieux sacrés des Gaëls sont nombreux. Pierres levées, cromlechs, dolmens et tertres funéraires se dressent sur la Lande comme un défi à l’éternité. Pour les intrus, la tentation est toujours grande de violer ces sépultures dans l’espoir d’y découvrir quelque richesse. Mais ces sites sont étroitement surveillés et leurs gardiens exigent la vie des profanateurs pour paiement.
Enfin, si les Gaëls vivent la majeure partie du temps en paix avec les peuples voisins, il en est pour lesquels ils n’éprouvent qu’aversion, haine et rancœur. Et lorsque ceux-ci s’aventurent sur la Lande, ce simple fait constitue une provocation suffisante pour qu'une rencontre commence ou se termine dans un bain de sang. Un parallèle pourrait être fait avec les rapports qu'entretiennent les elfes de la surface et ceux des profondeurs, mêmes si les causes semblent différentes.
Pour toutes ces raisons et sans compter les rivalités qui opposent parfois les tribus entre elles, les Gaëls vivent continuellement sur le pied de guerre, que ce soit pour défendre leur vie, leur honneur ou leur terre. Seuls les Pictes restent principalement ignorés, méprisés et repoussés aux confins du territoire.

L’absence d’autorité suprême chez les Gaëls empêche tout accord officiel avec les peuples ou royaumes voisins, mais ne les qualifie pas non plus comme une réelle menace aux yeux de l'Empire. Les rares exactions des tribus de la Lande sont vues comme des désagréments et ne sauraient effriter la suprématie impériale. De lointains ascendants communs pourraient également expliquer l'absence d'animosité manifeste.
Tout d’abord, à moins d’affréter un navire pour traverser la Déchirure de Malbane, les voies terrestres entre les Landes et l'Empire de Mahr traversent le territoire de Larethia et autres seigneuries indépendantes ou celui des Khans. Mais surtout, la présence des Gaëls constitue une zone tampon avec les Nords, assure une nuisance belliqueuse pour les Khans et préviens l’installation de hordes gobelinoïdes importantes dans l’ouest. L'Empire de Mahr a parfois tout intérêt à prêter main forte aux Gaëls pour stopper des envahisseurs avant qu’ils ne portent la guerre en ses frontières. Ce même constat est observé concernant les relations entre l’Empire et le territoire des Khans. Il faut cependant relativiser le fait qu'au vu de l'étendue de son territoire, on parle ici principalement de seigneuries situées aux frontières de l'Empire et non du pouvoir impérial en lui-même qui ne réagit souvent qu'en cas de menace majeure.
Mais les pillards Gobelins et les querelles intestines ne sont pas les seuls fléaux auxquels les Gaëls ont à faire face. Ils sont confrontés à des menaces beaucoup plus présentes et pernicieuses. Le Bois aux Loups est conté pour être l'origine de bêtes et menaces invisibles qui peuplent les plus profondes forêts des Landes et sauraient déchiqueter une communauté trop aventureuse au cœur de la nuit. Les légendes courent sur les rares contacts avec ceux que certains appellent les "loups debouts", ne sachant les qualifier d'enfants de Gahan ou simplement maudits. En ces terres, la recherche de nourriture étant souvent une question de vie ou de mort, des affrontements auraient eu lieu pour une proie ou le contrôle d'un territoire de chasse.
Néanmoins, les Gaëls n’éprouvent aucune haine envers cette concurrence entre dans l’ordre naturel du cycle de la vie et leur propre survie. Leur véritable ennemi se trouve au sud, au cœur des Bois Noirs. Là-bas vivent leurs frères maudits qui ont juré leur perte et celles des dieux : les Drünes.
Les Gaëls et la Mort
Pour un Gaël, comme pour plupart des Kelts, une mort violente constitue la façon la plus naturelle de mourir. Car le guerrier rejoint l’au-delà avec le corps qui était le sien au moment de sa mort. La décadence du corps et de l’esprit représente pour les Kelts la pire des malédictions. À leurs yeux, la déesse punit ceux qui ne se sont pas montrés dignes d’elle en les laissant mourir de vieillesse, les condamnant à errer dans les limbes, prisonniers d’un corps faible et décati.
Les rites funéraires des Gaëls sont simples, mais hautement symboliques. Ils n’enterrent pas directement leurs morts, car le sol et le corps de la déesse ne font qu’un. À ce titre, inhumer un corps et le laisser pourrir en terre revient à souiller Gahan de la façon la plus infamante qui soit. Au lieu de cela, les Gaëls brûlent leurs cadavres et seules leurs cendres sont placées sous les tertres.
Mais avant que son enveloppe charnelle ne soit livrée aux flammes du bûcher, l’âme du défunt doit subir le Jugement de la Corneille. Pour les Gaëls, cet oiseau est la représentation de Badb, troisième fille de Gahan et messagère de la Mort. Ce rituel consiste simplement à prélever un morceau de chair sur le corps. Par ce geste, la prêtresse de Badb offre l’âme du mort aux corneilles. L’oiseau qui s’en saisit l’emporte alors et scelle son destin. Dans le meilleur des cas, la corneille avale son âme et rejoint le Scâth, le domaine des esprits où les héros perpétuent leurs exploits pour l’éternité. Si par contre l’âme du défunt est entachée de ses fautes, la corneille se métamorphose en Engoulevent et la recrache dans le Thanaan, la partie sombre du Scâth où le mal se nourrit du mal.
Pictes
à renseigner
Presque sous les pieds de Maithgem, une silhouette disloquée se tordait et gémissait. Le Thane se pencha au-dessus du légionnaire, qui gisait dans la mare poisseuse de son propre sang.
- Les murs se sont effondrés... marmonna le moribond. Cela a commencé hier, avant l'aube. Un léger grattement, le bruit sourd de griffes, loin sous la terre. Nous autres sentinelles les avons entendus... comme si des rats, ou des vers, creusaient des galeries... Adalbert nous a ri au nez, mais les bruits ont persisté toute la journée. Puis à minuit, la Tour a frémi et a paru vouloir s'affaisser, comme si les fondations avaient été sapées...
Un frisson d'horreur parcourut Maithgem Eo Cuilunorn. Les vers de la terre !
Des vermines par milliers, creusant telles des taupes loin sous la forteresse, rongeant les fondations... Dieux, la région devait être criblée de tunnels et de cavernes... Ces créatures étaient encore moins humaines qu'il lavait imaginé... Quelles formes hideuses issues des ténèbres avait-il donc appelées à son aide ?
Drünes
à renseigner