« Lühr n' Tael » : différence entre les versions
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La routine repris, ailleurs. Et encore ailleurs. Mêmes méthodes, mêmes gains.<br> | La routine repris, ailleurs. Et encore ailleurs. Mêmes méthodes, mêmes gains.<br> | ||
La gamine, semblable à elle-même. Lui, s’était refait une santé et se débrouillait nettement mieux que lors de ses années de conscription. Sans être un guerrier né, il aurait tenu sa place dans un combat ouvert, ça offrait d’autres possibilités, d’autres gains. Et heureusement… | La gamine, semblable à elle-même. Lui, s’était refait une santé et se débrouillait nettement mieux que lors de ses années de conscription. Sans être un guerrier né, il aurait tenu sa place dans un combat ouvert, ça offrait d’autres possibilités, d’autres gains. Et heureusement… Le mauvais jour, la mauvaise ruelle, le mauvais gars. Nullement un hasard, non, ils étaient juste sur le territoire d’un autre, organisé. Et cette fois-là, l’affaire était sérieuse. Cinq en face, peut-être plus, armés et dangereux. Avec la milice, il y aurait eu moyen de discuter ou de passer du temps en tôle. Ces gars-là attaquaient pour tuer.<br> | ||
Le mauvais jour, la mauvaise ruelle, le mauvais gars. Nullement un hasard, non, ils étaient juste sur le territoire d’un autre, organisé. Et cette fois-là, l’affaire était sérieuse. Cinq en face, peut-être plus, armés et dangereux. Avec la milice, il y aurait eu moyen de discuter ou de passer du temps en tôle. Ces gars-là attaquaient pour tuer.<br> | |||
Ils ont déjà maîtrisé la gamine qui leur donne tout de même du mal. Avec un peu de chance elle peut peut-être en planter un, mais une diversion suffira. Lui-même s'est fait taillader, mais le gars git au sol, et un autre recule, le bras inerte et pissant le sang. Moins professionnels qu’il le pensait, mais plus nombreux. Des mouvements plus loin, les projectiles ne vont pas tarder, ils deviennent prudents, eux non plus ne s’attendaient pas à ce que ça s’éternise. Le moment de discuter, finalement. D’autant que la furie se débat toujours et en a salement amoché un. Levant les mains, les armes bien en vue, c’est l’heure des pour-parler. Les gars tiennent à leur peau et peuvent lui laisser la sienne, ou la leur. Ils savent tous que menacer la gamine n’avancera personne, mais elle peut servir. L’issue est précaire, il va falloir faire des concessions, des deux côtés. Un accord est finalement trouvé, il quittera la ville sur ses deux pieds, mais leur laissera la fille contre rémunération. Elle arrête de se débattre. Un Tael de platine, et bon courage... | Ils ont déjà maîtrisé la gamine qui leur donne tout de même du mal. Avec un peu de chance elle peut peut-être en planter un, mais une diversion suffira. Lui-même s'est fait taillader, mais le gars git au sol, et un autre recule, le bras inerte et pissant le sang. Moins professionnels qu’il le pensait, mais plus nombreux. Des mouvements plus loin, les projectiles ne vont pas tarder, ils deviennent prudents, eux non plus ne s’attendaient pas à ce que ça s’éternise. Le moment de discuter, finalement. D’autant que la furie se débat toujours et en a salement amoché un. Levant les mains, les armes bien en vue, c’est l’heure des pour-parler. Les gars tiennent à leur peau et peuvent lui laisser la sienne, ou la leur. Ils savent tous que menacer la gamine n’avancera personne, mais elle peut servir. L’issue est précaire, il va falloir faire des concessions, des deux côtés. Un accord est finalement trouvé, il quittera la ville sur ses deux pieds, mais leur laissera la fille contre rémunération. Elle arrête de se débattre. Un Tael de platine, et bon courage... | ||
Version du 3 février 2024 à 15:30
Vent d'Ouest
Aussi loin que l’on s’en souvienne, l'Ouest du grand Continent a toujours été une région hostile...
Battue par les tempêtes et peu propice à la vie sédentaire, c'est une terre de lamentations. Les hommes s'y regroupent en petites communautés indispensables à la survie de l'individu, mais la terre ne saurait supporter plus. Les ressources sont rares et les rassemblements visibles appellent la mort. C'est le territoire des Pictes, sauvages grossièrement civilisés aux mœurs anciennes, et les affrontements sont fréquents entre ces clans souvent au bord de la famine, pour une parcelle ou quelques têtes de bétail. Parfois simplement parce que ces voisins existent.
L’hiver y est rude, mais le printemps est pire. Car avec la fonte des dernières neiges s’annonce l’éveil du fléau ardent et la saison des cendres, une terreur ancestrale et vorace. Il n’est nul autre seigneur en ces lieux. Tous lui sont assujettis et versent la dime de cendres. Ces géants d’osier où criminels et prisonniers de raids attendent la mort par embrasement au moindre signe de son approche. Que repus, il épargne les honnêtes hommes. Ça, ou le sacrifice d’une vierge exquise et pure. Rien d’autre ne saurait l’apaiser et nul, lui résister.
Les hommes l’ont nommé Wyrmthraxx.
Le cœur de l'hiver
Le ciel anthracite roulait sur la lande, martelant une grêle fondue mêlée d’embruns qui meurtrissait jusqu’à l’os. Les dernières feuilles arrachées par les bourrasques n’avaient laissé des arbres malingres que des silhouettes difformes et solitaires. Seules les pierres semblaient insensibles aux rigueurs des éléments, et aux malheurs des hommes. Les bêtes se terraient.
Le vent et la pluie attisaient autant qu’ils maltraitaient les restes fumants au centre du hameau misérable qui tenait lieu de village aux habitants du coin. Dissipant les volutes acres de bois humide et de mort. Les piétinements des hommes et de leurs montures avaient transformé la terre en une boue visqueuse de liquides noirâtres.
Seule, agenouillée, hagarde et battue, l’enfant regardait sans comprendre.
Il ne restait déjà plus que des traces fumantes du brasier qui, la journée durant, envoyait jusqu’au ciel des gerbes d’étincelles dans un nuage de suie grasse de résineux et de chair fondue. Oublié le concert de hurlements traditionnel, car ce n’était pas la saison, il n’y avait eu que les cris d’agonie.
C’était une occasion spéciale, et non le sacrifice de l’équinoxe pour rassasier le fléau, ni même un raid pour constituer des prisonniers. Ce n’était pas non plus l’ancien qui leur tenait lieu d’augure qui avait officié, mais ces hommes en armure. Des étrangers. Et, ils étaient partis, comme ils étaient venus, à l’aube, grands, forts et invincibles. Des hommes qui mangeaient à leur faim. Une journée leur avait suffi. Une journée et la magie de leur dieu qui avait jugé. Les hommes, eux, avaient condamné et châtié. Et ils étaient partis, laissant leur œuvre derrière eux, pour que ces populations incultes n’oublient pas.
L’enfant restait prostrée, la lèvre fendue. Le sang et les larmes avaient remplacé les cris, les coups, les suppliques, et traçaient sur son visage des sillons silencieux dans la crasse et les cendres de sa mère. C’est ainsi qu’il l’avait trouvée, Chose brisée qui n’attendait plus de main pour se relever. Mais elle le suivi quand il l’emmena, sans confiance, juste par absence de volonté. Alors, ils prirent les sentiers de l’est sous les regards mornes de ceux qui n’y voyaient qu’une bouche de moins à nourrir.
Les années qu’il avait passé chez ces Pictes, dans leur communautés changeantes aux mœurs barbares avaient fini de déchirer son voile de civilisation et le peu d’estime qu’il avait encore de lui. Ayant abandonné famille et compagnons à une mort certaine, seule sa survie lui importait vraiment. Il s’était donc surpris à s’encombrer de ce fardeau.
S’abritant de l’hiver meurtrier, ils avaient dérivé lentement, des semaines, vers des terres à peine moins hostiles. Il n’était plus que l’ombre du combattant qu’il n’avait jamais vraiment été et certainement pas un rodeur pour survivre par ces temps. Heureusement, longtemps, elle ne toucha pas aux maigres repas qu’il parvenait à déterrer et qui ne lui suffisaient déjà pas. Jusqu’au jour où elle esquissa le premier geste à son égard.
L’enfant ne pleurait plus, depuis longtemps. Elle n’avait même jamais gémi malgré son corps chétif qui peinait, de loin, à suivre machinalement ses foulées, ses haillons boueux qui ne la protégeaient nullement du froid ou ses pieds ensanglantés aux cailloux des sentes. Il ne s’embarrassait déjà plus de son mutisme, et fut donc surpris de la voir venir à lui pour quémander avec insistance l’une des racines de son repas. Intrigué, il laissa les faibles doigts s’en emparer, mais se retint difficilement de la frapper lorsqu’elle la jeta avant de retourner se pelotonner au coin des braises. Sa mère avait été jugée pour sorcellerie, non ? Elle avait peut-être quelques restes…
Ils n’auraient certainement pas survécu à l’hiver ainsi, mais une habitation isolée et débarrassée de ses occupants leur fourni les vivres et l’abris idéal… Jusqu’au jour où un homme passa s’enquérir du silence des habitants des lieux. Elle, n’avait toujours pas dit un mot mais se nourrissait, difficilement. Et elle semblait un minimum revenir à la vie, prostrée telle un animal en cage. Non pas qu’il y ai beaucoup d’activité possibles, lui-même s’ennuyait ferme et passait le plus clair de son temps à surveiller les environs derrière les volets clos. Par désœuvrement, il s’entrainait et cru discerner un semblant d’intérêt pour ses jeux de passe, de couteau et surtout la magie des flammes de bougie qui semblait la fasciner. Mais toujours elle gardait le silence, l’observant de derrière sa tignasse emmêlée, seul son sommeil était agité de murmures, appels et autres gémissements souvent incompréhensibles.
Il avait failli s’en débarrasser, arrêter cette mascarade, un soir où il l’avait forcée et manqué y laisser un œil à un surin surgit de nulle part. Elle était trop jeune et sans formes, de toute façon. Mais son expression de haine pure l’avait empêché de dormir sereinement pendant un temps.
Songe d'une nuit d'été
Les saisons avaient filé, et arrivés à un semblant de civilisation, de villages et de bourgades, la gamine se rendait enfin utile. Elle pouvait difficilement passer pour sa fille, mais on ne les questionnait que rarement. Il aurait pu la vendre ou la prostituer, ça lui avait traversé l’esprit, mais elle faisait un bien meilleur appât. Et… la fois où il s’y était risqué, il était resté sans voix. Le gars s’était fait saigner. Elle avait sorti son poinçon, un autre, il s’était débarrassé du précédent, et avait frappé, frappé et encore frappé jusqu’à ce qu’il flanche. Mais comme si ça ne suffisait pas, elle lui avait sauté à la gorge et lui lacérait le visage. Il s’était tiré… mais elle l’avait retrouvé. Et ses cheveux poisseux de sang laissaient cette fois-là clairement voir son regard de haine farouche mêlé d’exultation sauvage.
Sans doute par jeu, et sans vraiment s’y attacher, c’est vers cette époque qu’il l’appelât autrement que ‘gamine’. Lür, qui peut se traduire par leurre dans sa propre langue gutturale. Pas vraiment un nom, juste sa fonction, attirer les gars dans des lieux isolés. A lui d’intervenir avant que ça ne dégénère vraiment.
Un an passe… Deux ans passent...
Et le duo improbable sillonne les routes, évitant les embrouilles et levant le camp en cas d’affaire un peu plus sérieuse. Sans être l’opulence, leur situation n’est pas si mauvaise, ils peuvent manger, parfois correctement, ont souvent un toit et de quoi se fringuer. Un minimum d’équipement pour leurs besognes. Pas vraiment loquace, la fille émet enfin quelques mots laconiques, le plus souvent pour manifester son désaccord. Mais ils sont rarement ensemble, de toute façon, quand ils bossent. Il la surveille de loin.
Seuls les passages à l’acte semblent capables de la faire sortir de son apathie, mais il lui arrive de la surprendre à observer une mère avec sa fille les jours de marché, d’autres gamins qui jouent, et la sent à deux doigts de faire un pas vers eux. Lavée, elle est devenue plutôt jolie, et pourrait intéresser les garçons sans ses légers balancements systématiques, son immobilité quand elle vous fixe de ses regards fuyants ou insistants, ses manies à ne pas savoir quoi faire de ses mains. On sent tout de suite qu’il y a un truc qui cloche, mais les adultes ne le voient plus ou s’en foutent, et tentent leur chance le soir, dans un endroit calme et reculé. Le moment de les dépouiller.
C’est devenu un ventre sur pattes, elle a toujours faim. Et il se souvient en frissonnant de certaines pratiques culinaires des Pictes. Sans doute ce qui l’incite réellement à travailler, ou filer un quignon de pain à certains gosses qui font la manche. Et s’il n’a aucune idée de ce qui peut se passer dans sa tête, ce qu’elle pense de lui, ni même pourquoi elle ne se tire pas, il connait les limites. Elle est loin d’être conne et a manifestement compris comment marchent les choses. Elle peut faire des efforts pour un steak saignant et un bain chaud où elle reste des plombes.
Il y a eu cette fille dans la région de Porada. La ville était suffisamment grande pour qu’ils passent inaperçu pendant quelques temps. Clairement une sans abris qui devait avoir son âge, ou pas loin, pour les deux. Elle avait dû lui filer à manger une fois ou deux et retournait sur la même place marchande, sans trop se rapprocher des étals ni se mêler à la foule. Ils n’aiment pas ça, les gamins qui trainent. Pas bon pour les affaires, les leurs, ni les siennes. De loin, il pouvait les voir se jeter des regards discrets, sans vraiment faire de geste d’approche et ces répétitions dangereuses l’énervaient tant qu’elles l’intriguaient. Jusqu’où allait-elle aller ?
Il l’apprit le jour ou d’autres gamins qu’il avait repéré à trainer, certainement des fils de marchands, chahutèrent la fille plus qu’à l’accoutumée et des cailloux volèrent. Pas méchant, ces choses-là arrivent, ils agissaient juste comme leurs parents, mais elle s’interposa. Elle traversa la place comme une balle pour aller se dresser juste à côté de la fille et les fixer de son air mauvais par en dessous, comme à son habitude. Ça allait déraper d’un instant à l’autre et il s’était machinalement levé, à l’affut de miliciens trainant dans le coin. Mais non, après quelques cris de provocation mêlée de dépit, les bras qui tenaient les cailloux les ont jetés ailleurs, se sont baissés et ils se sont tirés dans un concert d’injures. Elle n’avait pas bougé, heureusement, mais oscillait plus que jamais d’avant en arrière, les bras raides le long du corps. La gamine lui dit timidement quelques mots et tendit une main vers elle, et après un moment, peut-être une heure, elle s’assit juste à côté, sans un mot. Le manège se répéta les jours suivants. Elle allait jusqu’à la place et lorsque la fille s’y trouvait, elle allait se planter à côté jusqu’à ce que l’autre lui dise un mot et qu’elle s’assoie.
La fille lui parlait, un peu, mais souvent elles restaient juste silencieuses, regardant les passants. Elle avait dû lui répondre plus qu’à lui-même, les années qu’ils avaient passé ensemble. Ça aurait même pu passer pour des conversations. Les autres gamins ne s’approchaient plus, mais des gars s’arrêtaient, au début, leur touchaient trois mots et la fille se levait pour les suivre. Impassible, elle attendait qu’elle revienne, et ceux qui s’arrêtaient alors finissaient par se lasser de son mutisme ou comme elle, attendaient que l’autre revienne. Ça durait jusqu’au soir, le soir les amatrices laissent la place aux professionnelles, question de survie. Et plusieurs fois, elle la suivie de loin, jusqu’au taudis où elle créchait. Il y avait pire qu’eux, mais ils avaient connu la même. La mère était trop décatie pour bosser et ponctionnait sa fille sans trop la maltraiter. Elle ne savait manifestement pas quoi en penser, mais elle commença à lui filer des parts de repas. Ils avaient diversifié leurs activités et gagnaient correctement pour que cette situation qui ne lui plaisait pas vraiment ne soit trop néfaste. Il n’avait jamais vraiment eu de contrôle sur cette gamine de toute façon. La solution aurait été de se débarrasser de l’autre… ou de la mère.
C’est la conclusion à laquelle il était arrivé, mais la fille ne vint pas, un jour. Trois jours. Et la gamine se rendit jusqu’au taudis, vide. Elle resta plantée là des heures, immobile, à attendre, revint le lendemain, et le jour suivant. Mais jamais personne. Et elle sillonnait la ville, les banlieues, jusqu’à tard le soir. C’était pas mauvais pour les affaires. Jusqu’à ce que les occupants changent et qu’elle ne quitte plus son pieu. Un retour de plusieurs années en arrière qui ne pouvait pas durer. Il réussit finalement à la trainer ailleurs. Un poids mort, mais qu’est-ce que ça changeait ?
Crépuscule
La routine repris, ailleurs. Et encore ailleurs. Mêmes méthodes, mêmes gains.
La gamine, semblable à elle-même. Lui, s’était refait une santé et se débrouillait nettement mieux que lors de ses années de conscription. Sans être un guerrier né, il aurait tenu sa place dans un combat ouvert, ça offrait d’autres possibilités, d’autres gains. Et heureusement… Le mauvais jour, la mauvaise ruelle, le mauvais gars. Nullement un hasard, non, ils étaient juste sur le territoire d’un autre, organisé. Et cette fois-là, l’affaire était sérieuse. Cinq en face, peut-être plus, armés et dangereux. Avec la milice, il y aurait eu moyen de discuter ou de passer du temps en tôle. Ces gars-là attaquaient pour tuer.
Ils ont déjà maîtrisé la gamine qui leur donne tout de même du mal. Avec un peu de chance elle peut peut-être en planter un, mais une diversion suffira. Lui-même s'est fait taillader, mais le gars git au sol, et un autre recule, le bras inerte et pissant le sang. Moins professionnels qu’il le pensait, mais plus nombreux. Des mouvements plus loin, les projectiles ne vont pas tarder, ils deviennent prudents, eux non plus ne s’attendaient pas à ce que ça s’éternise. Le moment de discuter, finalement. D’autant que la furie se débat toujours et en a salement amoché un. Levant les mains, les armes bien en vue, c’est l’heure des pour-parler. Les gars tiennent à leur peau et peuvent lui laisser la sienne, ou la leur. Ils savent tous que menacer la gamine n’avancera personne, mais elle peut servir. L’issue est précaire, il va falloir faire des concessions, des deux côtés. Un accord est finalement trouvé, il quittera la ville sur ses deux pieds, mais leur laissera la fille contre rémunération. Elle arrête de se débattre. Un Tael de platine, et bon courage...
Pas grand-chose à tirer de cet animal. Pas question de la promener comme le faisait l’autre, ni de la vendre à l’heure, ça finirait par leur retomber dessus. Déjà un client de défiguré, et elle pas présentable pendant longtemps. Les drogues s'étaient aussi montrée moins efficaces que d’habitude. Pas besoin de perdre plus de temps ni d’argent. Sans réel commerce de personnes à proximité, la solution de facilité restait de la faire élever par une institution et de possiblement la récupérer ensuite, docile. Idéalement, notre dame de l'aube, elles vont jusqu’à payer pour les gamines des rues. C’est ce qui est décidé. Tant qu’on ne la touche pas, elle sait suivre quelqu’un, lentement, Jusqu’au porche du couvent. Ce mot qui avait l’air de la faire réagir. L’affaire est conclue, la moniale paye bien, la gamine sait se défendre en dépit de sa face tuméfiée. Elle change de mains et franchi le porche entre chiens et loups. Passant de l’obscurité naissante des bas-fonds à l’illumination ecclésiastique des torches dans cette atmosphère silencieuse et cloîtrée.
Nouvelle Aube
à suivre...